Agraphon

« Sans parole, le cosmos s’élargit. Les cris des bestiæ et la musique des sources, des vagues et des feuilles, ce qui fourrage et gigote… Tout cela grandit. Sans nos mots, l’arrière-plan devient le premier et nous passons au second. Réciproquement, tandis que l’univers grossit, l’espace entre nous rapetisse. Sans parole, nous sommes plus unies, proches comme des grappes »

Inspirée du roman poétique “Agrapha” de Luvan paru aux Editions La Volte, la création sonore “AGRAPHON” vient en déplier l’univers. On remonte le temps. On trempe dans l’essence de ce que fut le Xème siècle : sa pensée, ses rythmes, ses oiseaux, le très sensible d’une existence parmi les arbres. Et si tout cela n’est pas écrit -“Agrapha”-, entre les lignes, on pourrait bien sentir l’espace s’ouvrir et faire place à une soudaine proximité avec de lointains vivants – de très lointains, très vivants.
Ici, aux souffles de la faune et murmures végétaux se tissent des phrases sonores primitives et naturalistes, un paysage du très sensible. Field recordings et spoken words s’entrelacent pour donner une matière vibrante et organique. Écho, rebonds, contrepoints : une plongée délicate dans un univers qui bascule, peu à peu, dans un fantastique de vase et de tectonique.
À la traverse des mots et des sons, les yeux fermés, l’écoute invite à déployer la geste des sens et donne à sentir qu’un territoire n’est jamais qu’une partition, une fulgurante ouverture d’horizon. Ainsi se prolonge l’exploration, comme une initiation secrète mais offerte, où se mêlent deux temps, en trois mouvements (ici le premier). Un envers tissé de forces invisibles, langues animales, sensations végétales, vagues apocryphes, musiques des éléments. Un écho immatériel s’adressant au monde d’aujourd’hui.

Une trame sensible, tissée des voix des femmes qui font vivre l’Abbaye et l’Herbe Folle, à découvrir lors d’une nuit spéciale avec une installation sonore, une scénographie originale de Human Fabrics et Emilie Pedron, une performance, et une lecture chorale.