Juliette Volcler - Contrôle

Contrôle

L’art, le business et la guerre, il fallait arrêter les jérémiades,
c’était la même chose...

Juliette Volcler - Contrôle

Contrôle - Comment s'inventa l'art de la manipulation sonore
Juliette Volcler

Contrôle raconte la fascinante histoire d’une autre modernité sonore. Une modernité incarnée à l’origine par un homme, figure majeure mais méconnue du XXe siècle : Harold Burris-Meyer. Ingénieur et homme de théâtre, il fut inventeur de dispositifs sonores et expérimentateur en sciences du comportement.

À travers les trois grands chapitres de son histoire — le théâtre, l’industrie, la guerre — s’écrit celle des premières tentatives de manipulation des masses au moyen du son. Divertir ou terrifier, apaiser ou piéger, guérir ou perturber, nulle différence pour l’ingénieur illusionniste. De l’acoustique théâtrale à la musique dans l’industrie en passant par l’élaboration de leurres sonores employés pendant la Seconde Guerre mondiale contre les troupes allemandes et italiennes, il s’employa toute sa vie à montrer l’influence profonde du son sur les réactions et les émotions de l’homme.

L’écriture de Juliette Volcler est portée par le double objectif de peindre de manière vivante l’époque, son contexte social et culturel, ses rêves échoués, ses expérimentations réussies, et de donner des outils critiques face à l’environnement sonore en pleine mutation du XXIe siècle.

2017, La Découverte

“Divertir ou terrifier, apaiser ou piéger, guérir ou perturber, nulle différence pour l’ingénieur illusionniste : il ne s’agissait ni plus ni moins que de donner au pouvoir le moyen de manipuler un individu à travers ses oreilles. Et il fallait bien reconnaitre que tout cela était extrêmement stimulant.”

“Ce que la salle devait produire in fine, ce qu’il fallait planifier comme objectif dans sa construction, ce n’étaient pas des représentations théâtrales ou des concerts, mais la foule et son émotion unanime. Le vrai spectacle de la masse, son divertissement approprié, c’était elle-même.”

“Harold Burris-Meyer était la mauvaise conscience de l’Occident, le caillou dans la chaussure de ses démocraties, l’épine dans le doigt de ses scientifiques, la poussière dans l’oeil de ses artistes. Sa vie leur rappelât quelle part d’obscurité leur Lumières entrainaient, sur quels calculs sordides leur générosité se fondait, de quelle mesquineries leur grandeur d’âme s’enflait, quels paquets de saleté recouvraient les exploits qui faisaient leur fierté. Il était une question jetée à la gueule des élites : à quoi au fond tient votre place? Si l’on vous débarrassait de cet entrelac de fils électriques et d’amplificateurs, que resterait-il de vos personnes, de vos institutions, de vos convictions? Il avait poussé leur logique si loin qu’elles ne pouvaient qu’en être gênées. Il avait traduit leurs rêves honteux de manipulation en appareils irréprochables. Il était le haut parleur incontrôlé de leurs pensées secrètes.

L’art, le business et la guerre, il fallait arrêter les jérémiades, c’était la même chose, la même interminable expérimentation de l’espèce humaine sur elle-même. On pouvait avoir peur, on pouvait jubiler, mais on ne pouvait rien arrêter. Le seul devoir était de foncer. On était devenu.es nos propres cobayes.”

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